Depuis ses débuts dans les années soixante, le compositeur et contrebassiste Henri Texier s'est imposé comme un grand nom du jazz dont les compositions mélodiques, aux allures d’hymnes, s’enrichissent d’influences cosmopolites et de souvenirs de voyages...
- Henri Texier, contrebassiste et compositeur de jazz
Henri Texier est contrebassiste, compositeur "et puissant meneur de troupes" dixit le critique Francis Marmande dans Le Monde, mais aussi "fils de cheminot et du service public", marqué à vie par les luttes sociales et l’esprit de résistance. Il est l’un des grands noms du jazz de ces soixante dernières années, fort de 150 albums, donc une bonne vingtaine sous son nom, fondateur d’ensembles qui vont du duo à l’octet.
Son dernier disque, intitulé An Indian’s Life (Blue Note), conclut un triptyque débuté en 1993 avec An Indian’s Week et poursuivi en 2016 avec Sky Dancers, qui fait de la cause amérindienne et, au-delà, de la figure quasi mythologique de l’"Indien", à la fois la matrice imaginaire et le moteur poétique de son geste artistique.
Il participe au festival Radio France Montpellier Occitanie.
Apprendre en mimant
Le jazzman Henri Texier revient sur ses débuts de musicien. Il rapporte comment lors de son apprentissage, de grandes figures du jazz ont littéralement été ses modèles. "On imitait par mimétisme les musiciens qu'on pouvait voir, mais aussi, on imitait ce qu'on entendait dans les disques et à la radio. Et au fur et à mesure, on se fabriquait."
Henri Texier a fait ses classes au Blue Note, l'un des plus célèbres clubs de jazz de l'époque. Alors qu'il n'est même pas âgé de vingt ans, il se produit avec les grands noms. Il se souvient avec nostalgie de ces moments. Il cite Daniel Humair, Don Cherry ou encore Jean-François Jenny-Clark parmi ceux qu'il a côtoyés au Blue Note. Le jazzman déclare "c'était la seule école pour apprendre."
Les émissions de radio, notamment "Pour ceux qui aiment le jazz", ainsi que les disques dans une moindre mesure, ont également contribué à son apprentissage par mimétisme. Henri Texier explique encore : "on essayait d'oreille justement ces fameux standards, de relever, de noter les accords qui correspondaient aux mélodies."
À écouter
Henri Texier : "Ce sont les autres musiciens qui m’ont fait entendre mon propre son"
Par les temps qui courent
44 min
Le jazz, une musique savante et populaire
Lorsque l'on évoque le jazz, on pense à l'improvisation, pourtant, Henri Texier distingue deux formes de jazz. "Il y a la musique figurative et la musique non figurative. La musique figurative, pour moi, c'est la musique qui comporte une mélodie sous-tendue par des accords, par un mouvement harmonique et avec un rythme, une pulsation régulière. Et puis la musique non figurative. Il n'y a pas de mélodie, il n'y a pas de canevas harmonique et il n'y a pas de pulsation régulière." C'est dans la seconde forme qu'intervient l'improvisation.
Le musicien justifie : "là, on s'écoute d'une autre manière et on peut improviser comme ça pendant des heures. C'est une autre dimension, c'est une autre sorte d'écoute. Mais tout ce que les musiciens vont jouer, tous les phrasés, toutes les matières, toutes les sonorités qui seront recherchées, tous les flow, tous les mouvements qui seront recherchés viendront de la musique de jazz. C'était ça le free jazz."
Henri Texier rapproche le jazz d'un langage que seuls les initiés peuvent comprendre. Il argue à propos du jazz : "c'est un équilibre extrêmement fragile et extrêmement compliqué à trouver. Et c'est peut-être là où on peut dire que la musique de jazz, c'est une musique savante, comme disaient certaines personnes. La musique de jazz, c'est la musique populaire, la plus savante et la plus savante des musiques populaires".
Le jazzman illustre métaphoriquement le jazz. Pour lui, c'est une sphère dans laquelle "les solistes et les musiciens sont à égale distance sur la surface de cette sphère et se déplacent entièrement, complètement, librement sur des surfaces, mais toujours à égale distance du centre".
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Transmettre son art
Henri Texier estime qu'il s'approche de "la dernière note". Avant d'y arriver, il souhaite transmettre son héritage musical. À son fils, Sébastien Texier, mais pas que. "Je suis content de transmettre parce que sinon ça ne sert à rien ce que j'ai vécu. Je ne suis pas pédagogue, mais je peux raconter ma vie. Et puis ce que je veux dire, je peux jouer, je peux partager des choses qui peuvent faire que les musiciens qui commencent, puissent apprécier d'entrer dans cet univers, quoi."
"Transmettre" est son leitmotiv, et ce, quel que soit l'âge des musiciens. Henri Texier avoue d'ailleurs : "la plupart des jeunes et très jeunes musiciens avec lesquels j'ai joué, ils connaissent déjà le jazz. Par exemple, Bojan Zulfikarpašić, qui est un pianiste formidable que j'ai soi-disant découvert. Il savait tout déjà, lui. Je ne lui ai rien appris du tout. C'est qu'ils sont fantastiques."
Le jazzman reconnaît volontiers, "ils sont beaucoup plus forts que moi, beaucoup plus forts."
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