Véronique Olvaldé en 2019 ©Getty - ©️ Eric Fougere
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Véronique Olvadé, autrice de 11 romans, nous fait entrer dans son atelier d'écriture, dans le cadre des masterclasses "En lisant, en écrivant" enregistrée à la BNF au micro d'Arnaud Laporte.

Avec

Depuis un quart de siècle, Véronique Ovaldé a publié 11 romans et plusieurs livres pour enfants et recueils de nouvelles, régulièrement récompensés. Parmi eux,  Et mon cœur transparent, prix France Culture/Télérama 2008, “Ce que je sais de Vera Candida", prix Renaudot des lycéens 2009, prix France télévision et Grand Prix des lectrices de Elle, ou encore sa dernière parution à ce jour, À nos vies imparfaites”, récompensée par le prix Goncourt 2024 de la nouvelle.

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Entrer en littérature

Enfant, Véronique Ovaldé se souvient du contrôle strict imposé par son père sur ses choix de lecture. Elle en a gardé un goût pour les livres "pas de son âge" et le plaisir d'une lecture subversive : Norman Mailer, Tennessee Williams, Philip Roth... "des livres sur la marge", l'histoire des laissés pour compte, le dérapage et la folie. Hemingway et Faulkner arrivent ensuite, dont elle admire alors "l'économie d'écriture et les dialogues" du premier et "la poésie mystérieuse" du second. À l'adolescence, elle puise dans la littérature latino-américaine fantastique "la part d'étrange, la possibilité du bizarre".La vocation d'écriture est là depuis l'enfance. Adolescente, elle écrit un roman chaque année "pour s'entraîner, comme on s'entraînerait pour un marathon" mais un pragmatisme rationnel l'amène à entrer dans le monde de l'édition d'abord en tant que cheffe de fabrication aux éditions du Seuil. Elle ose finalement soumettre un manuscrit, qui deviendra son premier roman, Le sommeil des poissons en 2000.

À écouter

58 min

La dimension sensitive de l'écriture

La question des sens traverse l'œuvre de Véronique Ovaldé, dont l'effort de justesse et de précision vient d'abord d'un goût pour le dessin. Elle porte attention "à la moindre sensation, pour tenter de la mettre en mots, je voulais toujours préciser le plus possible", dans un effort d'adéquation totale entre les mots et le ressenti de l'autrice. C'est par ce partage du sensible qu'elle parvient à convoquer ses lecteurs dans des lieux étrangers, de la jungle aux pôles. Par ailleurs, l'animal revient constamment de livre en livre : "une façon d'aller chercher le sauvage en soi, le pendant de ce qu'il y a de moins domestiqué en moi (...) Je ne perds jamais de vue que nous sommes des animaux nous mêmes, ça rend modeste". Elle explore ainsi l'animalité de l'homme, à la fois menaçante et rassurante.

À écouter

Raconter des histoires acides et sucrées, entretien avec la romancière Véronique Ovaldé

L'Entretien littéraire de Mathias Enard

28 min

L'écrivaine au travail

Il y a quelque chose de tout à fait instinctif dans la méthode de Véronique Olvadé. L'écriture d'un roman commence par le surgissement d'une phrase, à partir de laquelle l'autrice développe son texte. Il en est de même pour les noms de ses personnages, qui lui viennent spontanément et qui déterminent la nature du personnage : "le nom arrive, la silhouette vient après. C'est par le nom que tout commence". Pas de plan, par d'arcs narratifs pré-définis : Véronique Olvadé se tient éloignée des conventions narratives . En tant qu'autrice comme en tant qu'éditrice, elle y est particulièrement sensible : "Je suis tellement heureuse de découvrir des gens qui sont audacieux et libres dans l'œuvre, dans leur écriture et dans leur narration". Véronique Olvaldé écrit la nuit : "à ce moment là, il y a quelque chose d'assez étrange qui se passe. Je pense que c'est le fait que nous soyons des animaux diurnes. On ne pense pas de la même façon la nuit que le jour."

Les oeuvres citées et commentées durant l'émission :

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