"Le crépuscule des hommes" s'ouvre le 9 novembre 1945, soit 11 jours avant l'ouverture du "procès du siècle" que l'auteur et reporter Alfred de Montesquiou chronique, jour après jour dans les yeux des journalistes, photographes et interprètes sur place.
- Alfred de Montesquiou, réalisateur de documentaires
Afghanistan, Irak, Darfour, Ukraine, mais aussi Liban, Kurdistan, Syrie, Alfred de Montesquiou a couvert tous les terrains de guerre, ou presque, de ces vingt dernières années. En 2008, il est un des rares journalistes à Gaza pendant les bombardements israéliens de l'opération "Plomb durci". En 2012, il remporte le prix Albert Londres pour sa couverture de la guerre civile en Libye. Et puis, il y a quatre ans, il fait ses premiers pas dans le roman avec L'Étoile des frontières sur la révolution syrienne. Avec son deuxième et nouveau roman, Le crépuscule des hommes, Alfred de Montesquiou revient 80 ans en arrière. C'est dans les méandres du procès de Nuremberg que l'auteur nous plonge et au cours duquel 21 chefs nazis ont eu à répondre de leurs actes devant des juges américains, soviétiques, anglais et français, durant 11 mois d'audience dans les ruines de la ville allemande.
Une plongée dans "le procès du siècle"
Nuremberg, novembre 1945, la ville est en partie détruite, mais s'apprête à accueillir un procès historique, celui des 21 criminels nazis ; c'est dans ce décor lourd de sens que nous plonge l'auteur : "une ville totalement en ruine, bombardée à 90%, dans laquelle, un peu par miracle, il reste un espace qui est le palais de justice, en banlieue, retapé à la hâte par les Américains qui ont besoin d'ouvriers très efficaces et prennent parmi les prisonniers de guerre des SS, les plus bourrins, mais très dangereux. Le climat est tendu, c'est une ville très nazie, très dangereuse".
Dans ces ruines, les journalistes envoyés pour couvrir le procès vont trouver logis dans le château de l'industriel Faber-Castell, fabriquant de crayons de couleur : "j'ai trouvé cette proposition romanesque géniale : la journée, ils sont face au pire de l'Histoire du nazisme qui est en train de se révéler, où sont décrites des scènes qui glacent le sang et puis le soir, c'est un peu la colonie de vacances : il y a des histoires d'amour, des amitiés, des brouilles. Ce hiatus entre le jour et la nuit, le léger et le fondamental me paraissait être une manière intéressante de revisiter la vraie historie".
Dans l'oeil des journalistes
Le roman d'Alfred de Montesquiou s'ouvre 11 jours exactement avant l'ouverture du procès de Nuremberg le 20 novembre 1945, alors que les Américains reconstruisent le tribunal de Nuremberg qui s'apprête à accueillir ce procès monstre qui a fait l'objet de nombreux écrits et dont l'auteur et journaliste s'est à son tour saisi : "je ne suis pas historien, je suis reporter et je voulais apporter un autre regard ; je voulais montrer comme les journalistes, dans la petite histoire et dans la granularité du quotidien faisaient face à la grande Histoire. Je voulais déporter le regard et faire ressentir au lecteur ce que c'est que d'être face à un tel événement".
L'auteur a ainsi choisi de parler depuis la subjectivité des différents journalistes présents lors du procès, parmi lesquels Joseph Kessel, Elsa Triolet ou John Dos Passos : "c'est un roman sans narrateur omniscient, c'est une suite de ce qu'on appellerait en documentaire de "regard caméra", on est dans la subjectivité de chaque personnage au fil du livre". Par ailleurs, tous les personnages cités dans le récit d'Alfred de Montesquiou ont existé : "ce n'est pas un roman historique, c'est un roman vrai, c'est-à-dire que tous les faits historiques sont corrects : toutes les dates sont historiques, tous les sentiments des personnages sont historiques ; le travail du romancier, c'est de créer sa propre mélodie, à partir d'éléments véridiques qu'on agence dans le sens que l'on veut donner pour faire un roman".
Plus d'infos et d'actualités :
- Le crépuscule des hommes d'Alfred de Montesquiou a paru le 28 août aux éditions Robert Laffont
- Le livre est en lice pour le prix Goncourt 2025, pour le prix Interallié ainsi que pour le Grand prix du roman de l'Académie française
Extraits sonores :
- Archive du 28 janvier 1946 sur la RTF, le journaliste Pierre Crenesse revient sur l'ouverture du procès de Nuremberg le 20 novembre 1945
- Sylvie Lindeperg, historienne, autrice de Nuremberg, la bataille des images, éditions Payot, 2021 dans Affaires sensibles en septembre 2025 sur France Inter
- Lecture d'un extrait de Le crépuscule des hommes, de et par Alfred de Montesquiou
- Chanson de fin : We'll meet again (1939) de Vera Lynn
L'équipe
- Journaliste, productrice des "Midis de Culture" sur France Culture
- Réalisation
- programmateur
- programmateur
- programmateur
- Collaboration
- Collaboration
- Margaux ChabocheStagiaire
