Pourquoi cet Edmond a-t-il été effacé des archives familiales ? En partant sur les traces de son ancêtre, c'est son propre destin que cherche à mettre à jour la narratrice de Caroline Lamarche dans son nouveau roman "Le Bel obscur".
- Caroline Lamarche, romancière
Le Bel Obscur de Caroline Lamarche, c'est Edmond, un ancêtre banni de la famille, mais c'est aussi peut-être Vincent, l'époux de la narratrice qui lui révèle son homosexualité. Un homme qu'elle aime mais, qui lui échappe. Entre ces deux destinées, où est-elle ?
Réinventer les liens
Les tous premiers chapitres du Bel Obscur, nous installent dans la vie d'une femme, la narratrice, que l'on découvre dans une période douloureuse de vie, une "serre froide", un "astre mort" alors que "l'amour comme rêve durable s'est éteint dans mon ciel" écrit-elle. Son malheur, c'est celui de son mariage avec Vincent, l'homme qu'elle a épousé, avec qui elle a deux filles et qu'elle aime, mais Vincent est homosexuel. Néanmoins, ça n'est pas l'homosexualité de son mari que déplore la narratrice, mais davantage la fin du couple : "cette femme a chois cet homme, c'est elle qui l'a demandé en mariage et c'est un deuil qu'elle doit faire et le début du livre commence par une métaphore qui le dit aisément. C'est aussi la sortie d'un déni et d'une idéalisation du lien durable, car les femmes sont éduquées dans l'idéalisation du mariage".
Alors, le couple est le lieu où se réinventer et trouver une autre manière de faire famille : "c'est une femme assez curieuse, elle ne va pas claquer la porte tout de suite, car son mari a aussi besoin d'elle et c'est comme ça que se construit une invention du couple, une liberté mutuelle qu'ils se donnent, un couple à l'amour libre. La situation convient un peu mieux à Vincent qu'à la narratrice, et ce, pour une raison simple, c'est que lorsqu'on se découvre homosexuel après de longues années au placard, on trouve une communauté pour vous soutenir, pour vous accueillir, pour militer ensemble et des lieux de sociabilité".
Le corps du Bel obscur
Le titre du livre - beau, élégant - prend sa source dans un poème de Francis Ponge, dans laquelle apparaît cette phrase : "Le corps du Bel Obscur hors du drap des paroles". Car le corps du Bel obscur, c'est le corps homosexuel, celui de Vincent, mais aussi celui d'Edmond, cet ancêtre effacé des archives familiale en quête duquel se met la narratrice en même temps qu'elle cherche à éclaircir son propre destin : "c'est le mystère du corps homosexuel pour cette femme. Car ces deux personnages du mari et de l'ancêtre restent mystérieux. Le personnage central, c'est cette femme, car elle mène l'enquête sur elle-même, sur sa vie, sur ces deux hommes, sur le milieu dans lequel évolue Vincent et où, parfois, il la convie".
Pour son autrice Caroline Lamarche, le livre traite aussi de la solitude du corps sur lequel elle écrit et reprend à cet effet la citation "programmatique" de Francis Ponge : "je pense qu'écrire, c'est ramener des invisibles dans le drap des paroles".
Plus d'infos & d'actualités :
- Le Bel obscur de Caroline Lamarche a paru aux éditions du Seuil le 22 août et est en lice pour le Prix Goncourt
- Caroline Lamarche sera présente à la librairie À la page de Vichy le 8 octobre à partir de 18h pour une rencontre autour de la parution de son livre
Extraits sonores :
- Lecture du début de Le Bel obscur de et par Caroline Lamarche
- René Guitton, écrivain, “Les amants scandaleux” dans Une Histoire particulière sur France Culture diffusée en 2018
- Chanson de fin : Mon oncle Edmond (1976) de Jean Lapointe
L'équipe
- Journaliste, productrice des "Midis de Culture" sur France Culture
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- Margaux ChabocheStagiaire
