Jean-Pierre Raffarin : "En 50 ans, je n'ai jamais vu le monde aussi dangereux, avec autant d'impasses"

Après sa carrière politique, Jean-Pierre Raffarin a été représentant spécial du ministère des Affaires étrangères pour la Chine. Une mission qui s'est arrêtée avec le Covid. Mais malgré tout, il est "très attaché à la civilisation asiatique et chinoise". Sa rencontre avec ce pays date d'il y a un demi-siècle. C'est lors de sa venue à Pékin en 2005 que l'ex-Premier ministre gagne définitivement ses galons auprès des autorités chinoises avant d'être chargé par différents gouvernements de développer les liens avec la Chine : "J'étais là pour accompagner les PME. J'avais une mission qui était liée aux entreprises et qui consistait à développer le commerce extérieur français, les implantations d'entreprises et développer notamment l'accès des PME au marché chinois."

En Chine, des manifestations contre la politique zéro covid ou contre le régime ?

Depuis le début de l'épidémie de Covid il y a bientôt trois ans, le régime chinois a mis en place une politique zéro Covid très strict. Depuis une semaine, cette politique est remise en cause. Mais est-ce une politique de remise en cause de la gestion du Covid par les autorités chinoises ou est-ce une crise plus profonde ? Selon Jean-Pierre Raffarin, "la gestion du Covid était très très problématique et elle posait des problèmes majeurs à nos expatriés. Cela veut dire qu'elle posait des problèmes majeurs aux Chinois. Avant, il y avait une sorte de consensus : vous ne faites pas de politique et vous êtes libre. Si vous faites de la politique, vous rentrez dans le parti et c'est quelque chose qui est complètement encadré. Grosso modo c'est ce que l'on disait aux jeunes. Et puis la politique rentre maintenant partout dans la vie, avec les masques, avec les horaires, avec le confinement. Et donc ils ont une pression politique aujourd'hui qui font qu'ils ont envie de faire de la politique et ils ont envie de dire leur mécontentement."

Son regard sur sa carrière politique

Jean-Pierre Raffarin a commencé sa carrière dans le privé, à la direction marketing des cafés Jacques Vabre avant d'avoir son premier mandat électif en tant que conseiller municipal d'opposition à Poitiers en 1977. En 50 ans, il occupera de nombreuses fonctions : président du Conseil régional de Poitou-Charentes, député européen, ministre des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce et de l’Artisanat, sénateur de la Vienne, vice-président du Sénat, Premier ministre et la liste n'est pas exhaustive... Lorsqu'il fait le bilan de sa longue carrière politique, l'ancien Premier ministre y trouve "une satisfaction en ce qui me concerne, que je considère honorable. Quand je regarde en arrière, je vois que ça vaut la peine d'y aller : au fond, si vous aimez votre pays, si vous aimez les gens avec qui vous travaillez, ce sentiment vous tient. Cette dimension affective est une valeur humaine que vous pouvez partager. Au moment de l'action, même dans la douleur, vous éprouvez de la joie, celle d'avoir une relation affective avec les autres".

Un monde dangereux

En 2012, l'ancien Premier ministre publiait un livre de souvenirs, "je marcherai toujours à l'affectif", dans lequel il consacre un large passage à la jeunesse, à qui il demandait d'avoir confiance, de ne pas avoir peur de l'avenir. Mais dix ans plus tard, après une pandémie, une guerre en Europe et quelques séismes électoraux, son regard a changé...