Reconnaître un morceau en quelques notes, en retenir le tempo ou l'associer à un souvenir : la mémoire musicale est particulièrement puissante. Dans cet épisode, la chercheuse en neurosciences cognitives Barbara Tillmann explique pourquoi cette mémoire résiste mieux que d'autres au passage du temps.
- Barbara Tillmann, directrice de recherche au CNRS dans le laboratoire d’Études de l’Apprentissage et du Développement de Dijon
Dans ce premier épisode, nous explorons la puissance de la mémoire pour reconnaître un morceau seulement en quelques notes, en retenir le tempo ou même l'associer à un souvenir. Cette mémoire, liée à des expériences personnelles, est particulièrement forte durant l'adolescence et joue un rôle essentiel dans le traitement de pathologies neurodégénératives comme la démence et la maladie d'Alzheimer, en réactivant la mémoire autobiographique des patients. La mémoire musicale permet également de reconnaître des mélodies modifiées grâce à la connaissance des structures musicales.
La mémoire musicale, entre précision et flexibilité
L'extrait musical diffusé en début d'épisode illustre la capacité du cerveau à stocker de nombreux morceaux dans un registre de la mémoire qui regroupe l'ensemble des connaissances générales sur le monde. Dans le cas de la musique, ce type de mémoire contient les grands tubes que vous avez entendus maintes fois dans divers contextes. Ces musiques peuvent donc susciter un sentiment de familiarité, voire faire ressurgir des souvenirs. Cette mémoire possède par ailleurs des caractéristiques surprenantes : elle conserve des détails très précis, comme le tempo et la hauteur exacte des sons, et très peu d'informations sonores — un fragment de 500 millisecondes — suffisent à déclencher ce sentiment de familiarité.
À écouter
La mémoire autobiographique
Certaines musiques sont associées à des situations de vie bien particulières. Dans ce cas, elles s'inscrivent dans un autre registre de la mémoire à long terme : la mémoire autobiographique, qui englobe les souvenirs d'événements personnels. Dans une étude, la chercheuse Barbara Tillmann a observé que les titres figurant dans les hit-parades au cours de l’adolescence sont non seulement perçus comme étant plus familiers, mais ils sont aussi associés à davantage de souvenirs autobiographiques. Ce phénomène de réminiscence lié à la musique atteint son maximum vers l’âge de 14 ans, période durant laquelle les morceaux entendus sont ceux qui évoquent le plus intensément des souvenirs personnels. Ce répertoire peut être complété par des titres plus intergénérationnels, qui activent cette mémoire indépendamment de l'âge auquel ils ont été écoutés.
Le rôle de la mémoire musicale dans le traitement des pathologies neurodégénératives
La mémoire musicale joue un rôle particulier dans le cadre de certaines pathologies, telles que la démence ou la maladie d'Alzheimer. Cette mémoire mobilise un large réseau neuronal et inclut des structures cérébrales qui résistent plus longtemps à la dégénération neuronale de la maladie. Des chansons familières peuvent réactiver la mémoire autobiographique des patients et ainsi contribuer à renforcer leur sentiment d'identité, souvent fragilisé par la maladie. Au-delà des anciennes mémoires, les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer sont également capables d'apprendre de nouvelles chansons, et ce, malgré leur extrême déficit de mémoire et de mémorisation.
Une mémoire qui s'adapte aux variations des thèmes
Votre cerveau n'a pas besoin qu'une musique soit reproduite à l'identique pour être capable de la reconnaître. Grâce à ses connaissances des structures et des fonctions de la musique, il est en mesure d'effectuer des transformations pour identifier une mélodie, même lorsqu'elle subit des modifications dans son interprétation.
À écouter
L'équipe
- Barbara Tillmanndirectrice de recherche au CNRS dans le laboratoire d’Études de l’Apprentissage et du Développement de Dijon
- Conseiller(e) aux programmes
- Chargé(e) de programme
- Chargé(e) de programme
- Réalisation
- Roxanne NattaAttaché(e) d'édition