Calculatrices humaines en 1925 ©Getty - Hulton-Deutsch Collection/CORBIS
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L'histoire d'un groupe "d'annotatrices" qui entraînent un programme d'IA sur un programme d'anonymisation automatique des décisions de justice qui doivent maintenant être accessibles à tous.

C’est l’histoire d’une jeune chercheuse qui se lance dans une thèse de sociologie sur l’Intelligence artificielle dans la Justice française. Par un mélange de hasard et de persévérance, elle tombe sur un "terrain" assez inattendu. Quelques bureaux du Palais de Justice, sur l’île de la Cité, à Paris, où on entraîne un algorithme auto-apprenant.

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Camille Girard-Chanudet - c’est le nom de la jeune chercheuse - s’y installe et observe

Elle ne fait pas qu’observer d’ailleurs, elle écoute, elle discute, elle se renseigne. Elle fait une enquête. Et progressivement, elle comprend des choses.

Ce qu’elle comprend, Camille l’a raconté dans sa thèse, qu’elle a brillamment soutenue en décembre 2023 et qui explique de manière passionnante ce que signifie vraiment le passage au numérique d'une institution aussi complexe et sensible que la Justice.

Mais ce qu’elle observe et comprend dans ces bureaux de l’île de la Cité vaut au-delà du monde judiciaire. Pour moi, c’est même comme une allégorie de notre monde à l’heure de l’IA.

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Là où on n’imagine que des data-scientists et des ingénieurs face à des écrans, eh bien, il y a aussi d’autres gens. Là où on pense qu’il n’y a que machines et procédures automatiques, il y a en fait des humains qui chopent des tendinites et doivent faire des choix compliqués. Là où on postule une concurrence entre ces humains et les algorithmes, on voit plutôt une forme de sympathie, de solidarité. Là où on pense que les catégories sont claires, qu’il y a des données et des résultats, on s’aperçoit que les données ne sont pas données, qu’il faut les construire et que dans cette construction, entrent de la subjectivité, de la morale et même de la politique.

Bref, ce que je vois dans le travail de Camille, c’est une allégorie qui raconte en gros qu’on s’est sans doute embarqué dans un truc beaucoup plus subtile et beaucoup plus humain que ce qu’on dit le plus souvent de l’IA.

Bon, j’ai bien conscience que dit comme ça, c’est un peu mystérieux.

Donc on va repartir du début.

On est à la fin du quinquennat de François Hollande. La secrétaire d’Etat chargée du numérique, Axelle Lemaire, réussit à faire passer une loi que seuls les passionnés des questions du numérique ont encore en mémoire, mais qui pourtant n’a pas fini de produire des effets. C’est là que notre histoire commence. Un jour précis….

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