Éditorial

Démission de Sébastien Lecornu : la sidération

Loup Besmond de Senneville.
Loup Besmond de Senneville. Franck Ferville pour La Croix
De l’attitude des partis à la démission de l’éphémère premier ministre, la séquence politique et institutionnelle de ces derniers jours aura été consternante. Il faut désormais se ressaisir de toute urgence pour éviter le chaos.

Il n’est pas interdit d’espérer, écrivions-nous début septembre, lors de l’arrivée de Sébastien Lecornu à Matignon. La politique, lorsqu’elle est bien exercée, est un levier puissant de changement des sociétés. Aussi ne s’agit-il pas de jeter l’opprobre sur tous les élus ou d’alimenter le « tous pourris » ou « tous les mêmes », bien trop répandus de nos jours. Pourtant, aujourd’hui il faut constater que moins d’un mois après l’arrivée d’un nouveau premier ministre, moins de 24 heures après la nomination de son gouvernement, la situation est en tout point consternante.

Consternante, l’attitude des partis, qu’ils constituent ou non le désormais défunt « socle commun », sur lesquels s’appuyaient bon an mal an tous les premiers ministres depuis la dissolution et les législatives anticipées de l’an dernier. Négocier, accepter des compromis en privé, allant jusqu’à entrer au gouvernement, avant de faire volte-face quelques minutes plus tard, est incompréhensible. Consternante, ensuite, l’idée selon laquelle on pourrait revendiquer la « rupture » tout en demandant à 11 anciens ministres issus de l’exécutif à peine censuré de rejoindre un nouveau gouvernement. Consternante, enfin, l’attitude d’un chef de l’État convaincu de pouvoir sortir de l’ornière en nommant sans cesse des premiers ministres toujours plus proches de lui, allant à l’encontre des résultats de législatives qu’il a lui-même provoquées.

Désormais, que faire ? Les politiques doivent de toute urgence se ressaisir pour éviter le chaos. Le jeu politique, comme on l’appelle souvent, n’a rien d’un jeu. Quelques heures après la démission de l’éphémère premier ministre, les réactions des Bourses, la chute des actions des banques françaises, et la hausse de la prime de risque exigée par les investisseurs pour détenir la dette française sont venues nous le rappeler. Il est encore temps d’être responsables.