Médaille d'or du CNRS, professeur émérite au Collège de France, l'anthropologue Philippe Descola est connu notamment pour ses recherches de terrain auprès des Jivaros Achuar. Il nous donne son regard sur l'éducation.
- Philippe Descola, anthropologue français, professeur émérite au Collège de France
L’anthropologue Philippe Descola nous a fait reconsidérer l’idée de nature : nous sommes partie prenante de notre environnement et le protéger, c’est prendre soin de nous-même… En mars 2025, cet immense penseur a inauguré une manifestation académique appelée Printemps des humanités – après l’avoir écouté devant une salle comble du campus Condorcet, près de Paris, nous avons eu envie de lui proposer un entretien sur l’éducation.
L’éducation que lui-même a reçue pour commencer, et les traces des premières lectures chez celui qui a fait des études si prestigieuses mais a du tout réapprendre, "comme un enfant" dit-il, sur le terrain, en Amazonie. Puis nous évoquerons la manière dont les Achuar, dont il a partagé le quotidien tant d’années – y compris avec ses propres enfants – acquièrent savoirs et culture et quel est le rapport à l’enfance dans leurs familles.
Nous interrogerons aussi la place de la question environnementale dans notre éducation (en évoquant par exemple l’engouement actuel pour l’école dans la forêt). Enfin, nous aborderons la belle question du renouvellement des humanités à la lumière d’un répertoire de savoir plus vaste et surtout plus divers...
Médaille d’or du CNRS, Philippe Descola est anthropologue, professeur émérite au Collège de France. Ses recherches de terrain auprès des Jivaros Achuar ont fait l’objet d’un célèbre ouvrage dans la collection Terre humaine chez Plon, Les lances du crépuscules (1993). Il a également publié Par-delà nature et culture (2005, réédition Folio 2015) et plus récemment Avec les chasseurs-cueilleurs (Bayard, 2024).
À écouter
Les citations :
Philippe Descola : "Chez les garçons Achuars, le processus d'apprentissage - qui consiste à observer la forêt et les animaux puisqu'ils sont amenés à devenir des chasseurs - se fait par imitation des plus âgés, par impregnation. Il y a très peu d'instructions formelles qui sont données, il y a quelques conseils utiles au fil des marches en forêt et des apprentissages plus techniques, comme par exemple pour savoir fabriquer sa sarbacane."
"Défendre les humanités ne revient pas à défendre un corpus de connaissances immuables fondé sur les grands classiques, notamment de l'Antiquité, c'est réfléchir à ce que la connaissance permet lorsqu'elle enrichie la vie. Le rôle que devrait jouer l'anthropologie, c'est d'agrandir ce socle pour donner accès à un repertoire de savoirs, de connaissances et de sagesse qui va bien au-delà de ce qui nous a été transmis par deux millénaires et demi de traditions savantes autour de la méditerranée."
"La diversité des imaginaires est quelque chose d'absolument central qui doit être préservé"
À écouter
Illustration sonore
- Les musiques Wayampi ont été enregistrées par Jean-Michel Beaudet dans le Haut Oyapock entre 1977 et 1979 et les musiques Achuar ont été enregistrées par Philippe Descola en Equateur entre 1976 et 1979
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