Terres rares : les restrictions de Pékin ébranlent l'économie et la diplomatie

Recomposition économique pour réduire la dépendance à la Chine : Microsoft veut produire la majorité de ses ordinateurs portables hors de Chine dès l'an prochain et cela vaut aussi pour les tablettes, consoles de jeux vidéo Xbox et leurs composants clés, révèle Nikkei Asia : "des matériaux tels que les fibres, les câbles, les connecteurs, les circuits imprimés". Amazon Web Services veut aussi réduire son approvisionnement en Chine, jusqu'au niveau des composants et Google demande à ses fournisseurs d'accroître considérablement leur capacité de production de serveurs en Thaïlande pour ne plus dépendre de Pékin et des tensions avec Washington, explique Nikkei Asia, à l'heure où la Chine a annoncé, la semaine dernière, des contrôles supplémentaires pour exporter ses terres rares essentielles pour les puces électroniques qui sont "le moteur de l'économie mondiale", souligne le Wall Street Journal. Les terres rares alimentent les téléphones, les ordinateurs et les centres de données nécessaires à l'intelligence artificielle, précise le quotidien économique américain.

La Chine produit environ 90 % des terres rares dans le monde, c'est sa force et c'est le talon d'Achille des pays occidentaux car désormais, les entreprises étrangères doivent obtenir le feu vert de Pékin pour vendre des biens contenant des terres rares provenant de Chine, dès qu'elles représentent 0,1% de la valeur du produit, précise l'agence de presse chinoise Xinhua. Cette règle affectera non seulement la fabrication de puces électroniques stricto sensu mais aussi la production de voitures, de panneaux solaires, limitant la capacité des autres pays à soutenir leurs propres industries, alertent le Wall Street Journal et le Financial Times. Le ministre japonais des Finances appelle  appelle les pays du G7 à "s'unir" face à ces restrictions chinoises, rapporte le quotidien japonais Yomiuri Shinbun, alors que Donald Trump  menace d'imposer des droits de douane supplémentaires de 100 % à la Chine en guise de représailles, notent CNBC et la BBC. Risque de "chaos dans la chaîne d'approvisionnement", titre le Financial Times, risque de voir grimper en flèche le prix des puces électroniques, des voitures et des armes.

La guerre commerciale entre Washington et Pékin pèse aussi sur les négociations Trump-Poutine car les terres rares sont essentielles à l'armement, indique le Financial Times, "notamment pour les avions de combat F-35, les systèmes radar, les drones ou encore les missiles Tomahawk", tant attendus, en Ukraine, par Volodymyr Zelensky, rappelle le journal Ukrayinska Pravda. Donald Trump laisse déjà entendre que les Etats-Unis ont besoin, dans ce contexte de guerre tous azimuts, de conserver des missiles Tomahawk, rapporte Ukrayinska Pravda. Par ailleurs, les Etats-Unis ont déjà demandé des droits préférentiels sur l''extraction minière en Ukraine, sur les terres rares, explique CNN. Le président ukrainien tentera d'obtenir de nouvelles aides de la Maison Blanche, aujourd'hui 17 octobre, lors de sa rencontre avec Donald Trump à Washington. Mais il faut bien comprendre, souligne le journal économique ukrainien Dilova Stolytsya, que les négociations dans le triangle Trump-Poutine-Zelensky ne peuvent être isolées des négociations économiques entre les États-Unis et la Chine, avec l'épineuse question des terres rares.

Etats-Unis : l'absurde pour résister à l'administration Trump

Des millions de manifestants vont défiler contre la politique de Donald Trump, à l'appel du mouvement "No Kings" - Pas de rois : Plus de 2 500 défilés sont attendus, demain 18 octobre, à travers les Etats-Unis, annonce le Time Magazine, de New York à San Francisco, de Chicago à Atlanta. Les militants, syndicalistes, citoyens "plus en colère" encore, titre The Hill, et plus nombreux qu'en juin dernier où l'on comptait 5 millions de personnes dans les rues. En plein "shutdown" (paralysie budgétaire fédérale), des millions de fonctionnaires ne sont plus payés, 46 000 soldats n'ont plus de revenus, ajoute USA Today, sans compter des millions de foyers qui vont perdre des prestations sociales, poursuit PBS, mais aussi le déploiement de la Garde nationale dans plusieurs villes démocrates et les raids violents de la police de l'immigration. Les motifs de colère sont nombreux et l'on pourrait bien assister, demain, à la plus grande manifestation de l'histoire moderne des Etats-Unis, rapporte NBC News.

Déguisés ou nus, c'est par le ridicule que des habitants de Portland s'opposent à la politique de Donald Trump : des manifestants ont circulé nus à vélo, face à des agents surarmés, comme le montre la chaîne télévisée KOIN 6 à Portland. Ce choix de la nudité permet de montrer la vulnérabilité des citoyens, l'inégalité des forces en présence sur le terrain, de montrer que non, la ville démocrate n'est pas une zone de guerre comme l'affirme l'administration Trump. Les protestataires enfilent aussi des costumes de licorne, de grenouille, de dinosaure, de poule, "pour rendre la protestation joyeuse", salue MSNBC News. De son côté, Mike Johnson, le chef de la majorité républicaine à la Chambre des Représentants, a déclaré que "la chose la plus menaçante qu'il a vue ce sont ces cyclistes nus à Portland qui protestent contre l'ICE. Ca devient assez dégueulasse", affirme-t-il dans une allocution reprise par la chaîne télévisée KGW News à Portland.

La chanson devient aussi une arme de protestation : un manifestant, repéré par le podcast progressiste The Majority Report with Sam Seder, déguisé tantôt en crocodile, tantôt en girafe, a notamment repris et détourné YMCA, la chanson des Village People utilisée de nombreuses fois par Donald Trump pendant la présidentielle, pour dénoncer l'ICE dont les agents seraient "d'anciens Proud Boys". Accusation également portée par Big Bill : ce groupe d'Austin, qualifié de "cacophonie de punk fiévreux et chaotique et d'humour absurde" par Austin Chronicle en 2024 et 2018, conseille, dans le titre "14 Ways to quit ICE (Quit Your Job"), aux agents de l'immigration de "quitter leur travail car tout le monde les déteste" : il leur propose 14 manières de démissionner comme en se faisant porter pâle, en "ghostant", en ne répondant pas aux appels au travail. La protestation par l'absurde est une bonne stratégie, selon MSNBC News, notamment pour conserver l'opinion publique de son côté.

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