Une cliente devant la vitrine d'un magasin avec des articles en solde ©Getty - Olga Pankova
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La mémoire fonctionne souvent de manière automatique, sans effort conscient. Dans ce troisième épisode, le chercheur en neurosciences Mickaël Laisney explique le rôle de l’amorçage, un mécanisme robuste qui facilite la reconnaissance et influence vos choix, parfois à votre insu.

Avec
  • Mickaël Laisney, enseignant-chercheur en neurosciences à l’École Pratique des Hautes Études - Paris Sciences et Lettres (PSL)

Mickaël Laisney, chercheur en neurosciences, explore le fonctionnement automatique de la mémoire à travers le phénomène d’amorçage. Ce mécanisme, qui s’active sans effort conscient, se traduit par une économie de l'activité cérébrale. Il facilite la reconnaissance, influence vos préférences, et reste efficace même lorsque la mémoire explicite est altérée.

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L'effet d'amorçage, un phénomène automatique qui perdure dans la mémoire

L'amorçage correspond à la facilitation du traitement d’un stimulus lorsqu’il a déjà été présenté ou est lié à un autre. Ce phénomène, qui s’appuie sur la mémoire implicite, permet une reconnaissance plus rapide, même lorsque le stimulus est partiellement dégradé. Ce processus peut fonctionner sans que l’individu en ait conscience et reste actif même en cas de troubles mnésiques importants. Les effets d'amorçage jouent également un rôle dans la construction des phrases : les mots déjà activés mentalement en amorcent d’autres, facilitant ainsi la fluidité du langage.

À écouter

La mémorisation

Votre cerveau

11 min

Une activité cérébrale plus économe face à ce qui est déjà connu

Les recherches menées par Mickaël Laisney indiquent que l’amorçage se traduit par une moindre activation des régions cérébrales sollicitées. Cette économie d’activité concerne en particulier les stimuli déjà entendus ou perçus, par comparaison avec des stimuli nouveaux. Ce fonctionnement optimisé repose sur la mémoire sémantique, qui stocke l'ensemble des connaissances sur le monde. Lorsque le cerveau entend un mot, les informations associées au concept qu'il représente s’activent spontanément, notamment dans les lobes temporaux qui sous-tendent cette forme de mémoire.

Le biais de préférence : quand le cerveau privilégie ce qu'il reconnaît facilement

L’amorçage ne se limite pas à la mémoire sémantique : il touche aussi la mémoire perceptive, qui stocke les informations visuelles ou auditives. Il peut agir sur des durées brèves ou très longues, allant parfois jusqu’à une année entière. Ce phénomène pourrait partiellement expliquer le sentiment de déjà-vu. Il induit également une forme de biais, le cerveau ayant tendance à préférer les stimuli qu’il traite rapidement. Cette préférence inconsciente est exploitée, par exemple, dans la publicité : une image ou un nom de produit vu à l’avance est plus facilement reconnu, donc plus susceptible d’être choisi. Ce biais s’exerce souvent à votre insu, et illustre la puissance de l’amorçage dans les décisions quotidiennes.

L'activation automatique de représentations par la mémoire peut parfois conduire à la création de souvenirs qui ne sont pas exactement conformes à la réalité.

À écouter

4 min

L'équipe

  • Mickaël Laisney
    Enseignant-chercheur en neurosciences à l’École Pratique des Hautes Études - Paris Sciences et Lettres (PSL)
  • Conseiller(e) aux programmes
  • Chargé(e) de programme
  • Chargé(e) de programme
  • Réalisation
  • Roxanne Natta
    Attaché(e) d'édition