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Dans l'oeil de du mercredi 22 octobre 2025

Qui est cet homme ?

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Le 22 septembre dernier, un huissier et des policiers interviennent dans un appartement HLM de Montrouge. Le loyer de 280€ n’est plus payé depuis le début de l’année 2023, et la procédure d’expulsion a été engagée. Et c’est l’édition des hauts de Seine du Parisien qui raconte.

Une fois la porte fracturée et le logement ouvert, il trouve le locataire assis, derrière la porte. Mort.

Son état de décomposition avancé indique que son décès remonterait à trois ans.

Mohand Allouache, aurait eu 85 ans.

Dans son immeuble de la rue Hyppolite Mulin, où il louait ce studio depuis une vingtaine d’années, on ne lui connait ni famille, ni amis.

Né en 1940 en Algérie, il est arrivé en France dans les années 70 et vivait chichement dans un hôtel, jusqu’à ce qu’il ferme pour insalubrité. C’est là qu’il devient locataire de ce studio, en 2003.

Personne ne se souvient de lui. Et sans identification du corps par un proche, ni confirmation de l’identité par des analyses, le défunt sera considéré comme « non identifié » et certainement enterré sous X au carré des indigents du cimetière de Montrouge.

Mais Mohand Allouache a un homonyme. Un enseignant de la région parisienne « profondément touché par ce triste évènement » qui souhaite « offrir à ce monsieur une sépulture digne ».

Encore faut-il pouvoir récupérer le corps. Mais sans identification. Impossible.

« Malheureusement, il arrive que nous gardions les corps très tres longtemps. Des mois, et même parfois, des années » confie un médecin légiste au journal.

Après avoir passé 3 ans, mort, derrière la porte de son appartement, il pourrait encore attendre dans un congélateur que l’administration lui donne enfin un nom.

Il s’appelait Mohand Allouache.

Et notre chère bureaucratie le condamne à l’anonymat.

Et c’est un pan méconnu de l’histoire coloniale qui n’en finit plus d’embarrasser la France

Connaissez-vous Florence le massacre de Thiaroye ?

1er décembre 1944, des soldats sénégalais démobilisés réclament la même solde que leurs frères d’armes métropolitains, après des années de combat sur le front. Face à ce qu’elle qualifie de mutinerie, l’armée française tire.

Bilan officiel : 35 morts. Et une plaie toujours ouverte dans les relations franco-sénégalaises.

En 2012, Francois Hollande, parle de répression sanglante et réévalue à 70 le nombre de morts.

En 2021, Jean-Yves Le Drian alors ministre des Affaires étrangères, reconnaît l’existence de trois fosses communes. En 2024, Emmanuel Macron concède le massacre.

L’an dernier, Dakar missionne un comité de commémoration présidé par l’historien Mamadou Diouf, enseignant à l’université Colombia à New York, qui donne une longue interview dans les colonnes du monde.

Le livre blanc sur cet évènement qualifié de « mensonge d’État » par des historiens, où 300 à 400 tirailleurs aurait été tués, a été remis au président sénégalais le 16 Octobre.

Et un mot retient l’attention : C’est une « falsification ».

Cette opération a été « préméditée, minutieusement programmée et exécutée » pour maintenir l’ordre colonial : Les tirailleurs se sont engagés pour la liberté de la France et des européens, à leur tour de la réclamer.

« Dans le livre blanc, nous expliquons que le massacre de Thiaroye, comme ceux de Sétif, le 8 mai 45 en Algérie ou de Madagascar, en 1947, sont des massacres de la libération, alors que l’on célèbre la Libération.

Dans la mémoire sénégalaise, le massacre de Thiaroye est omniprésent et a contribué à une prise de conscience et une mobilisation patriotique et culturelle.

Alors, nous dit l’historien, « Parler de Thiaroye aujourd’hui peut être perçu comme une manifestation antifrançaise, mais il ne s’agit pas du tout de cela. Il faut produire un récit africain de cet évènement auquel a participé la France ».

Il faudra alors ouvrir les archives, participer à la manifestation de la vérité. Prélude à la réconciliation.

Et on parle d’un pays ami !

Le Qatar !

On apprend sur le site du Monde ce matin que le fameux tableau « Le Désespéré » de Gustave Courbet, visible pour 5 ans, au musée d’Orsay, appartient à l’émirat.

La pièce a été achetée 50 millions d’euros en 2014, auprès de Monique Cugnier Cusenier, originaire de Franche-Comté, terre de naissance de Courbet.

Âgée de 86 ans et sans descendance, la propriétaire se résout à céder le tableau. « Elle a toujours cru qu’elle vendait à une américaine, c’était inscrit dans l’acte notarié, et il était prévu que le tableau reste en France. » Il est resté en France, certes, mais accroché dans l’appartement du 7eme arrondissement parisien d’une princesse qatarie.

A l’instar du « désespéré », le Qatar se lance dans une boulimie d’achat, levier de son influence : Gauguin, Cézanne, Rothko, Monnet, Manet, Degas, Picasso…

Une partie de la collection de Claude Berri, a été dérouté en 2010 vers l’émirat, au grand dam du centre Pompidou, qui devait en être récipiendaire par le biais d’une donation voulu par le Cinéaste.

À l’été 2024, le ministère de la culture apprend que le « désespéré » orne un mur du pied à terre de la princesse Cheikha Al-Mayassa.

Mais les caisses sont vides. La France pourrait faire pression en classant le tableau trésor national. L’État aurait alors 30 mois pour réunir la somme en faisant appel à des mécènes. Mais il ne faut pas froisser le Qatar qui s’est engagé à injecter 10 milliards d’euros dans l’économie française d’ici à 2030…

L’influence cela n’a pas de prix, surtout face à un pays en difficulté budgétaire, où on vient de voler les joyaux de la couronne…

Et pour bon nombre de nos concitoyens, ce cambriolage spectaculaire c’est quand même la honte !

Dans le Figaro vous apprendrez que la directrice du Louvre a présenté sa démission. Démission refusée par Emmanuel Macron. « Il serait contreproductif de couper des têtes aujourd’hui, si ce n’est pas la bonne » se défend l’Élysée.

Mais l’épisode est une meurtrissure.

Dans l’Opinion, vous lirez que les Français ont honte. Depuis janvier, ce sentiment explose chez les sondés.

L’année dernière, le tryptique était désespoir, colère et honte.

Aujourd’hui, c’est honte, colère et désespoir.

Le cambriolage du premier musée du Monde est venu appuyer sur une blessure déjà présente selon Stewart Chau, spécialiste de l’analyse des sentiments.

« C’est notre vitrine qu’on vient vandaliser ». La France est désormais reléguée au rang des « nations vulnérables et incapables de protéger ses trésors ».

Pourtant, dans le Figaro, vous lirez que le Louvre a commandé trois rapports sur la sécurité, en 2022, 2023 et 2024.

Dans le Parisien et le Figaro, vous apprendrez que deux policiers dorment en prison avec Nicolas Sarkozy. Une cellule voisine a été aménagée pour les gardes du corps qui assurent sa sécurité.

Comme quoi, tout est toujours une question de choix politiques.

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