Famine au Nigeria ©Maxppp - Maxpp
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Dans "l'oeil de" du vendredi 24 octobre 2025 : une famine dramatique peu évoquée, le terrorisme à Lyon, le traitement médiatique des quartiers populaire, et le bilan du plan Marschall des banlieues.

Au Nigeria, c’est le retour de la famine… Et c’est le Monde qui nous raconte. Inertes ou sonnés par la fatigue et la chaleur, les enfants pleurent presque en silence, écrit Mustapha Kessous, envoyé spécial dans le nord du Nigeria. La famine est de retour. Et comme d’habitude, ce sont les enfants qui payent le plus lourd tribu. « Yeux exorbités, peau craquelés, dépigmentées, parfois brûlée à vif et la maigreur ». Sur 237 millions de nigérians, 33 millions sont en situation d’insécurité alimentaire selon l’UNICEF dont 3,5 millions d’enfants. Les œdèmes nutritionnels, forme la plus grave et la plus mortelle, ont bondi de 208 % en quelques mois et les humanitaires ne peuvent plus faire face. La fin du programme USAid des États-Unis, principal bailleur mondial et la baisse drastique des contributions du Royaume-Uni, de la France ou de l’Allemagne, ont aussi fragilisé l’aide internationale. Alors des parlementaires français, en visite dans ces hôpitaux, plaident pour une augmentation d’un centime d’euros de la taxe soda, fléchée pour la lutte contre la malnutrition. « Un centime de plus par canette, c’est sauver des millions de vie », plaide un coordinateur d’O.N.G. Mais comment porter ce sujet quand la solidarité internationale est passée sous les radars, quand le budget 2026 est encore au bord de la censure ? Peut-être en lisant l’histoire de cette mère, qui vient de voir mourir son fils. Elle sèche vite ses larmes, lit-on, hisse le corps du petit sur son dos avant de l’envelopper dans un pagne bleu. Elle repart vers Kuringa, son village, à quatre heures de route plus au sud, en transports collectifs. « Si on voit qu’il est mort, on ne voudra pas voyager avec lui, et elle n’a pas les moyens de payer un taxi pour elle seule », raconte un infirmier. L’enfant s’appelait Zailani. Il avait 24 mois. Et pesait à peine 7 kg.

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Et le terrorisme frappe encore

Le 10 septembre dernier, vers 22h30, Ashur Sarnaya regagne l’appartement qu’il partage avec sa sœur près du métro Gorge du Loup, à Lyon. Ce chrétien d’irak de 45 ans, réfugié politique et issu de la communauté assyro chaldéenne, est handicapé depuis sa naissance, nous raconte Le Figaro. « Ashur Love », son pseudo sur TikTok s’approche de la porte de son immeuble quand un individu surgit derrière lui et lui assène un coup de couteau dans le cou. Les spectateurs assistent en direct à la mort de l’influenceur. Sabri B, de nationalité algérienne est identifié comme assassin présumé.

Il sera retrouvé quelques jours plus tard en fuite en Italie. L’enquête vient d’être transférée au pôle antiterroriste du tribunal judiciaire de Paris. C’est le téléphone du suspect qui a fait basculer l’enquête. La justice suspecte des liens avec l’état islamique en Syrie.

Dans le magazine Elle, Malala Yousafzai a désormais 20 ans

Rescapée d’un attentat en 2012, la jeune pakistanaise, prix Nobel de la paix, s’est réfugiée en Angleterre et raconte sa nouvelle vie.

Sur Google, elle tape « quels vêtements porter à l’université en 2017 ? « Avec un salwar Kameez, ce vêtement traditionnel pakistanais, je serais restée à l’écart. Les gens se seraient comportés différemment, m’auraient posé des questions sur l’attentat, le prix Nobel. » Elle raconte comment un jour, l’amnésie traumatique de l’attentat s’est dissipée : « On m’a tendu un bang, une pipe à eau utilisée pour fumer du cannabis. Je ne savais pas ce que c’était. J’ai eu comme des flashs. J’ai revu le bus, mes camarades, cet homme qui aboie « qui est Malala ?». Je faisais des cauchemars, je n’arrivais plus à étudier à me nourrir. En Pachto, le mot anxiété n’existe pas ». Un psychiatre diagnostique un état de stress post-traumatique. Les crises s’espacent, mais la thérapie continue.

Combien d’années faudra t’il pour sortir ses sœurs afghanes de la souffrance ? Pour chasser ces hommes qui ne jurent que par leur anéantissement. Elle ne sait pas. Mais elle est sait que « Face à la montée en puissance de gouvernement et de groupuscule misogyne qui menacent les droits des femmes, il faut renverser la table ».

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Et 20 ans plus tard, l’heure est au souvenir…

Le 27 octobre 2005, à Clichy-sous-Bois, Zyed Benna, 17 ans, et Bouna Traore, 15 ans, meurent dans un transformateur électrique après avoir été pourchassés par la police. Ce drame déclenche trois semaines de colères dans toute la France. Et plusieurs de vos hebdomadaires reviennent sur ce triste anniversaire, dont L’Humanité Magazine. En 2005, Khadija suit tout depuis sa fenêtre et sa télé : « ce qui m’a mise le plus en colère, c’est le traitement fait par les journalistes et les pseudos expert des banlieues qui se succédaient sur les antennes. On parlait de de nous comme des animaux, des moins que rien. » Medhi, un proche des familles : « il faut se rappeler que c’était la période où Sarkozy préconisait de nettoyer les quartiers au Karcher. ».

Depuis, le tramway est arrivé, un commissariat, les ateliers Médicis… Mais les habitants sont toujours aussi pauvres. Et la mixité sociale reste un mythe. Dans Télérama, c’est aussi l’heure du bilan. 20 ans plus tard, comment lire le traitement médiatique des quartiers populaires ? Et ce plan Marschall des banlieues impulsé par Jean-Louis Borloo ? Les opérations de démolition, reconstruction sont explosives, impressionnantes… Les habitants protestent. Depuis, la doctrine a un peu changé. Et puis le bâti ne peut pas tout. « La ségrégation socio spatiale s’est accrue en France, sous les effets combinés de la métropolisation, de la désindustrialisation et de l’accroissement des inégalités sociales », déplore un rapport remis il y a quelques mois.

Où est passé le volet social ?

Depuis 20 ans, toujours pas de droit commun comme on dit : L’égalité d’accès des citoyens au service public n’est pas respectée. Et de l’abandon né la colère. Depuis, il y a eu 2023 et Nahel Merzouk à Nanterre, tué par un policier. Et ce constat : « L’exclusion ne concerne plus seulement les habitants des grands ensembles », mais tous les relégués. Et il faut regarder en miroir la crise de 2023 et celle des gilets jaunes de 2018 : « la colère des classes moyennes paupérisées et éloignées des services publics » ressemble à la révolte des gamins des quartiers. « La situation reste explosive » lit-on. Alors il faut convoquer les mots de Joséphine Lebard dans La Croix hebdo… « À chaque fin du mois d’octobre, et encore plus cette année, je pense à eux. Ce que je connais d'eux, ce sont les traits de leur visage reproduit sur une photocopie en noir et blanc. Il s’appelait Zied Benna et Bouna Traore. Si le combat judiciaire est clos, la bataille contre l’oubli, elle, est toujours à mener ».

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