L'Allegra compagnia par Bartolomeo Passerotti ©Getty - Mondadori Portfolio
Publicité

Dans sa préface de "Cromwell", Hugo avance que "tout dans la création n’est pas humainement beau, que le laid y existe à côté du beau, le difforme près du gracieux, le grotesque au revers du sublime...". Il ajoute "le beau n’a qu’un type ; le laid en a mille."

Avec
  • Georges Vigarello, historien, philosophe, directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales

Le portrait à priori grinçant de Michel Simon dressé par Paul Guth en 1955 souligne certes l’aspect difforme et grotesque du visage de l’acteur, mais éclaire aussi la grâce et sa "laideur intelligente". Un portrait quasi amoureux donc, admiratif même, une œillade finalement ! C’est là tout le paradoxe de la laideur : elle attire autant qu’elle repousse, elle dégoûte autant qu’elle fascine. La laideur se vit effectivement de mille manières, quotidiennement, concrètement, souvent comme un fardeau qu’on porte physiquement et sous le regard des autres.

Publicité

Être gros, obèse est toujours mal considéré. Pourtant, le mot embonpoint est issu de la soudure de l'expression en bon point qui signifiait "en bon état", en "exact point". Être bossu, boiteux ou encore roux ont longtemps été perçus comme des attributs de la laideur. Qu'est-ce qui fait donc la laideur ? N’est-elle que subjective ? Est-ce seulement l’envers de la beauté ? Pourtant, ce que l’on envisage un temps "beau" peut se découvrir un jour "laid". La laideur : un scandale ou une force de la singularité ?

Bibliographie

  • Georges Vigarello, Le propre et le sale. L'hygiène du corps depuis le Moyen Âge, Seuil
  • Georges Vigarello, Les métamorphoses du gras. Histoire de l'obésité du Moyen Âge au XXe siècle, Seuil
  • Umberto Eco, Histoire de la laideur, Flammarion
  • Jérôme Dargent, Le corps obèse. Obésité, science et culture, Champ Vallon
  • Claudine Dagaert, Histoire de la laideur féminine, Imago
  • Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine, Georges Vigarello, Histoire du corps (3 volumes), Seuil
  • Communications, n° 60, Beauté-Laideur, Collectif, Seuil.

Filmographie

  • Geza Von Radvaniyi, L'étrange désir de Mr Bard, 1953.
  • Orson Welles, Falstaff, 1965.

À écouter

La beauté d'abord

La Marche de l'histoire

28 min

À écouter

Le corps exposé et bronzé

La Marche de l'histoire

28 min

À écouter

Le corps ordinaire d'aujourd'hui

La Marche de l'histoire

28 min

L'équipe

pixel