Le comédien, Didier Sandre, le 13 février 2007, au Théâtre de la Madeleine, à Paris. ©AFP - Pierre Verdy
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Le comédien Didier Sandre nous raconte comment les phrases des autres deviennent, le temps d'une représentation, les siennes, et comment, pièce après pièce, il est devenu l'acteur qu'il est aujourd'hui.

Avec
  • Didier Sandre, comédien, sociétaire de la troupe de la Comédie-Française

Didier Sandre, comédien et sociétaire de la troupe de la Comédie-Française, est au micro de Marie Sorbier pour une Masterclasse proposée par France Culture et la Comédie-Française, en public dans la salle du Vieux-Colombier.

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L'enjeu de cette rencontre est de mieux connaître un processus de création, à savoir ce qui se joue dans la tête du comédien, Didier Sandre. De quelle façon les textes le touchent-ils ? Comment les phrases que d'autres ont écrites deviennent, le temps d'une représentation, les siennes ? En somme, ausculter la mécanique qui lui permet, pièce après pièce, de devenir l'acteur qu'il est aujourd'hui.

Le théâtre, une vocation ?

Didier Sandre est issu d'une famille protestante, son grand-père était pasteur et ses premières émotions, lui semble-t-il, ont été les textes prononcés en chaire par son grand-père et par son oncle ensuite, qui a pris la relève. "Les éditions de la Bible, du Nouveau Testament ont bercé, ont enchanté mon enfance et ont développé en moi une imagination que j'ai eu envie de revivre plus tard et que j'ai retrouvée au moment de l'adolescence, chez les poètes, au moment où la foi religieuse m'a abandonné." Cette consolation, cette ferveur, il la trouve chez Rimbaud et chez Baudelaire. "Dans ce milieu familial un peu austère, on n'allait pas au théâtre. Je ne savais pas ce que c'était le théâtre. Je me suis ennuyé, comme beaucoup, à étudier Les Plaideurs et les Fourberies de Scapin*, à l'école."

À écouter

28 min

Le sacré au cœur de tout

Didier Sandre revient sur la notion heureuse et magnifiée du sacré. "La notion de sacré n'est pas forcément tragique, n'est pas forcément sévère, ni austère, etc. Mais pour moi, je pense que de sortir de l'ombre pour être en lumière avec la responsabilité d'un récit, d'une interprétation, n'est pas quelque chose d'anodin. Je trouve que c'est une responsabilité." Pour le comédien, le sacré constitue l'origine du théâtre. Cet art entretient un lien étroit avec le divin, avec la Parole. Et s'il est d'autres théâtres qu'il peut aussi apprécier, ce n'est pas celui qu'il pratique, ni celui auquel il eut envie de consacrer sa vie.

Ses premières émotions musicales furent d'ailleurs liées à l'église, au temple. Sa mère jouait de l'orgue, accompagnait les services religieux. Lui-même faisait partie de la chorale. "La musique fait partie, dans la religion protestante, de l'accès à Dieu. Et j'aime beaucoup cette phrase de Cioran qui dit : "Dieu doit beaucoup à Bach"".

Portrait d'un bosseur

Pour Didier Sandre, le métier de comédien est un long chemin, mais aussi une récompense qui peut mettre du temps à s'offrir. Le travail en est la clef. Il reprend pour l'illustrer la citation de Louis Jouvet : "Le talent est une longue patience et ce n'est que du travail." Ainsi raconte-t-il : "Dans les cours de théâtre que j'ai pu fréquenter, j'étais loin d'être le plus doué. II y avait des jeunes gens qui avaient beaucoup plus de facilités que moi, qui étaient moins coincés par leurs émotions, par leur vie, par leur héritage familial."

Lorsqu'il a commencé le théâtre, il se souvient qu'il était quelqu'un de "très coincé,  pas facile à bouger". Mais finalement, c'est à force de travail qu'il est parvenu à trouver sa voie, "à force de ténacité". "Parce que  j'avais l'impression de ne pas avoir le choix, que c'était ça ou rien. Et donc c'est ça qui qui a tenu la colonne vertébrale de mon trajet : bosser."

Cette Masterclasse a été enregistrée le 14 avril 2025. Didier Sandre était l'affiche du "Soulier de satin" et du " Bourgeois gentilhomme."

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