Après plusieurs semaines de manifestations et un coup d'état militaire à Madagascar, un nouveau premier ministre a été nommé, suscitant espoirs et méfiance. Au Maroc, le roi Mohammed VI annonce des réformes sociales et politiques d'ampleur face aux contestation contre la classe politique.
"Le suspense est levé à Madagascar", depuis le début de la semaine, lit-on dans les pages du Midi Madagasikara. Herintsalama Rajaonarivelo prend les rênes du gouvernement et face à lui, pas une mais plusieurs priorités : "des coupures d’électricité à l’accès à l’eau potable en passant par l’assainissement du climat des affaires pour stimuler la relance économique" liste le quotidien malgache, qui précise que plusieurs noms avaient circulé : celui de Noro Harimisa Razafindrakoto, un ancien ministre de la justice reconnu pour son intégrité, ou encore celui d'un éminent juriste, Raymond Ranjeva.
Mais le président a finalement opté pour un profil issu du monde économique. Herintsalama Rajaonarivelo a été président du conseil d'administration de la principale banque du pays, mais aussi du groupement des entrepreneurs malgaches. Le nouveau premier ministre "maîtrise les arcanes de la finance, et connaît très bien les mécanismes, les procédures des bailleurs de fonds".
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Selon plusieurs observateurs cités par le quotidien, cette décision répond aux "exigences du moment". Car selon l'un d'eux, à Madagascar : "tout est urgent, important face à l'extrême pauvreté". Le nouveau premier ministre semble donc cocher toute les cases : il n'est pas partisan, sans ennemi politique et avec de l'expérience en matière d'économie. "De quoi répondre aux attente des manifestants qui ont provoqué la chute du précédent pouvoir, mais aussi les élites malgaches et les investisseurs étrangers" résume Jeune Afrique.
Jeune Afrique ajoute que pourtant, ce nouveau premier ministre consensuel, que personne n'avait vraiment vu venir, "est déjà contesté" par la Génération Z. Une jeunesse "amère" titre Afrika News, jeunesse qui dénonce une décision prise sans concertation et redoute une "confiscation de sa révolution".
"Après avoir montré ce qu'il avait dans le crâne, Herintsalama Rajaonarivelo doit montrer ce qu'il a dans le ventre" estime L'Express de Madagascar. Le quotidien ajoute qu'il est aussi déjà critiqué pour sa proximité avec des hommes d’affaires devenus politiques, "dans un système où la frontière entre l’État et les intérêts privés n’existe plus". Autant de "faiseurs de roi qui ont l'expérience du jeu politique malgache et sont déjà en train d’éclipser peu à peu la Gen-Z", note aussi la Tribune de Madagascar dans un de ses éditoriaux.
Au Maroc, le Roi Mohammed 6 répond aux manifestants
Santé, éducation, lutte contre la corruption, "le royaume à l'heure des annonces", titre Jeune Afrique. Après le mouvement de contestation organisé à l'appel du collectif Gen Z 212 contre la défaillance des services publics et la corruption, le pouvoir monarchique tente "d'éteindre l'incendie par une salve de réformes annoncées en urgence" la semaine dernière, commente le site Afrik.com. Une "réponse implicite aux tensions sociales", explique plus pudiquement le site marocain Le Desk, qui évoque "une séquence politique sous le signe du réalisme royal".
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Souvent présent dans les slogans des jeunes au milieu des cortèges, "le roi n’a, jusqu'ici, jamais réagi frontalement" note Jeune Afrique. C'est chose faite, avec "plusieurs projets de loi et un budget colossal pour les secteurs sociaux". Mais aussi une riposte institutionnelle, poursuit Jeune Afrique, avec un texte qui impose plus de rigueur comptable et de démocratie interne aux partis politiques. Un autre texte concerne les prochaines législatives : exclusion des candidats condamnées, sanctions renforcées contre la fraude. "Des signaux envoyés à l'opinion lassée par la corruption, l'autre but étant de réinjecter du sang neuf dans le champ politique" en facilitant par exemple les candidatures des moins de 35 ans, avec un financement public des dépenses électorales, notamment.
Le mouvement citoyen a salué avec prudence toutes ces annonces : "la vigilance reste de mise" relate le site marocain Hespress, qui évoque cependant la persistance d'une génération de "dinosaures partisans" qui "s'accrochent au pouvoir et tuent l'espoir", dans un éditorial.
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Mais ces réformes tombent aussi "comme un rideau de fumée sur des condamnations judiciaires lourdes contre ces manifestants", rappelle Afrik.com. La libération de tous les détenus d’opinion est présentée non seulement comme une revendication légitime, mais aussi comme un "véritable test du sérieux de l’Etat" et une "condition sine qua non pour restaurer la confiance et construire un avenir commun", explique Hespress.
La génération Z qui veut sa place au sein des musées et galeries d'art
Nous sommes juste à côté de la Tate Modern, institution d'art contemporain à Londres. Près d'une grille, un coffre-fort : "saisissez le code et vous y trouverez une carte de membre du musée, qui donne un accès gratuit aux expositions temporaires". Vous en profitez puis vous remettez la carte dans le coffre.
Un projet collectif "un peu clandestin, un peu punk, avec une touche d'anarchie discrète" décrit le conservateur Ben Broome, interrogé par The Guardian. Né il y a trois mois, le projet compte plus de 600 membres, surtout des artistes et des jeunes diplômés qui ont économisé des milliers de livres sterling en frais d'entrée... De quoi mettre en colère plusieurs institutions artistiques de la ville. Même si la directrice de la Whitechapel Gallery reconnait l'importance pour les artistes précaires d'aller voir des œuvres. "Je pense qu'il serait formidable que les institutions artistiques envisagent autant de moyens que possible pour soutenir et nourrir nos communautés artistiques".
‘It’s a bit clandestine, a bit punk’: the guerrilla scheme letting skint artists mass-share gallery membership cards
— The Guardian (@theguardian.com) 2025-10-20T11:20:17.301Z
Au-delà de ce constat, le monde de l'art et des galeries s'interroge aussi : "assiste t-on à la mort lente des galeries d'art ?" se demande le Financial Times. De Londres à Paris, les foires d'art contemporain s'adressent encore en ce moment "à des milliers de visiteurs fortunés".
Mais les pressions économiques et la concurrence en ligne menace le modèle des galeries physiques, et une grande partie du secteur semble aujourd'hui "obsédé par la façon d'attirer cette fameuse génération Z", raconte le quotidien économique britannique : comment attirer les plus jeunes collectionneurs ? Le secteur expérimente et s'adapte : "des prix plus raisonnables, ralentir le processus d'observation des œuvres". Un galeriste remarque : "attirer des jeunes à un vernissage avec de la bière gratuite, aucun problème", il s'agit plutôt de "raviver la passion des plus âgés", alors qu'aujourd'hui la mode est à la galerie éphémère, itinérante, installée à l'arrière d'un vélo qui porte un pissenlit géant gonflable.

"Nous faisons déjà parie de l'économie de l'expérience" remarque le directeur de la Lisson Gallery, présente de Los Angeles à Shangaï. "Nous ne devrions pas avoir peur" ajoute son collaborateur, qui a pourtant ses limites face à la génération Z : "vous ne me verrez pas danser sur TikTok" pour attirer les foules dans sa galerie.
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