Le président américain Donald Trump (au centre) pose avec les dirigeants mondiaux lors du sommet sur Gaza à Charm el-Cheikh, le 13 octobre 2025. Coprésidé par le président américain Donald Trump et le président al-Sissi, ce sommet a réuni plus de 20 dirigeants mondiaux pour commémorer le cessez-le-feu à Gaza et la libération des otages israéliens en échange de détenus palestiniens. ©Maxppp - Présidence égyptienne
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Le Hamas a réaffirmé, vendredi, son engagement envers la mise en œuvre de l'accord de cessez-le-feu à Gaza, négocié avec Israël sous l'égide des États-Unis. Donald Trump exige le désarmement des islamistes, sinon, il fera "le boulot lui-même".

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Le Hamas a étendu, cette semaine, sa présence dans la bande de Gaza en ruines, menant une campagne de répression et exécutant des "collaborateurs" présumés, à l'heure où Donald Trump a affirmé que Washington désarmerait le mouvement palestinien s'il ne le faisait pas lui-même.

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Le Hamas a également réaffirmé, vendredi, son engagement envers la mise en œuvre de l'accord de cessez-le-feu à Gaza, négocié avec Israël sous l'égide des États-Unis, promettant aussi de restituer tous les corps des otages tués depuis les attaques terroristes du 7 octobre 2023.

Entretien avec Laetitia Bucaille, professeure de sociologie politique à l'INALCO, autrice du livre : Gaza quel avenir ?  paru chez Stock.

De quels moyens humains et militaires dispose le Hamas aujourd’hui à Gaza ?

C'est difficile à dire avec précision car, évidemment, nous ne bénéficions pas de données absolument fiables. Ce que l'on sait, c'est qu'on estimait à peu près à 30 000 le nombre de combattants du Hamas au début de la guerre. Un certain nombre de ces hommes ont été éliminés : moins de la moitié, puisqu'on sait que les 67 000 morts tombés à Gaza pendant cette guerre seraient à 80 % des civils. Cela signifie que les forces armées du Hamas, du Jihad islamique et d'autres groupes ont bien sûr souffert des frappes israéliennes, mais n'ont pas du tout été anéanties.

On sait aussi, par le renseignement américain, que le Hamas continuait à recruter et avait probablement même reconstitué plus ou moins ses forces en recrutant des Gazaouis qui souffraient des frappes israéliennes.

En ce qui concerne l'armement, indéniablement, le Hamas a été affaibli. Cela dit, il dispose encore d'armes qu'il a accumulées, de choses aussi qu'il a récupérées des armements israéliens. Il peut encore être une force de nuisance, même sans le niveau des attaques terroristes du 7 octobre.

Cette semaine, des médias comme la BBC et le Jerusalem Post, ont expliqué que le Hamas avait rappelé 7 000 de ses hommes sur Telegram, notamment, pour tenir Gaza de nouveau et pour affronter des milices rivales également. Qu'en est-il de l'armement de ces autres milices qui cherchent à gagner du pouvoir à Gaza ?

À la faveur du cessez-le-feu, le Hamas essaye de rétablir une position dominante qu'il a pu construire et consolider pendant toutes ces années, entre 2007 et 2023. Bien sûr, le Hamas a été affaibli pendant la guerre et pour des raisons qui tiennent à la sociologie de Gaza, à la sociologie des Palestiniens, des clans, des grandes familles ont profité de cet affaiblissement du Hamas pour conquérir du pouvoir et essayer de faire régner leur loi.

Mais ils se sont aussi imposés parce qu'on était dans une situation très spécifique : celle du manque de vivres. Ces clans, ces groupes mafieux, ont tenté de s'imposer pour s'accaparer des vivres, les distribuer, les revendre, pour gagner de l'argent et contrôler leur territoire, dans un contexte d'affaiblissement du Hamas. C'est pour cela que le Hamas se permet aujourd'hui de procéder à des exécutions publiques et de montrer qu'il n'aura absolument aucune indulgence envers certains de ces groupes.

On parle d'ailleurs d'au moins 27 morts, cette semaine, dans la ville de Gaza : des miliciens exécutés par le Hamas.

Certains de ces groupes se sont appuyés sur Israël, en particulier le groupe d'Abou Shabab, issu d'un d'un clan du sud de la bande de Gaza. Il a été véritablement armé, équipé par les Israéliens, et il a voulu faire sa promotion autour de l'aide apportée aux Palestiniens, pour les attirer vers le sud de la bande de Gaza et faire fonctionner cette "Gaza humanitarian foundation" que les Israéliens ont mise en place.

Aujourd'hui, le Hamas s'en prend à ces groupes qui défient son autorité et les exécute publiquement. Cela dit, il y a aussi eu des morts parmi des membres du Hamas tués par ces clans,  preuve d'une capacité de nuisance qui existe également du côté de ces derniers. Et ce n'est pas nouveau : en 2007, quand le Hamas s'était installé au pouvoir, il avait déjà dû faire face à certaines grandes familles.

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Selon vous, le Hamas et les autres milices gazaouies sont-ils prêts, aujourd’hui, à rendre les armes ?

Les groupes combattants, d'une certaine façon, sont allés trop loin dans le sacrifice des Gazaouis pour, volontairement, remettre leurs armes. De toute façon, les groupes qui remettent leurs armes le font soit parce qu'ils sont anéantis et qu'ils n'ont d'autre choix que la reddition - ce qui n'est pas le cas à Gaza -, soit parce qu'ils obtiennent un rôle politique et acceptent de remettre leurs armes. Là, ce n'est pas le cas non plus, donc cela va être compliqué.

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