La solitude, de Marcelle Pichon aux danseuses de la Boule Rouge

En juin 1987, c’est sur le récit d'un fait divers glaçant que s’ouvre ce numéro des "Nuits magnétiques" d’Olivier Kaeppelin réalisé par Bruno Sourcis. Le 23 septembre 1985, Marcelle Pichon, ancienne mannequin de 63 ans, décide d’arrêter de manger pour toujours. Elle se laisse mourir lentement, observant la destruction progressive et programmée de son corps qu’elle consigne dans un journal intime qu’elle laisse pour la postérité. Nulle altération de sa lucidité, nul regret semblent intervenir dans ces 45 jours d’agonie qui feront la une de la presse 10 mois plus tard, à la découverte de son corps.

Marcelle Pichon était absolument seule

10 mois plus tard, voilà qui peut paraître long, et pour cause : Marcelle Pichon était absolument seule, et c’est cette solitude même qui l’a poussé à se tuer. Sordide expression d’une réalité universelle, qui frappe en particulier les personnes âgées. Marcelle Pichon symbolise également l’indexation de la valeur des femmes sur leur beauté supposée : si elle a connu une belle carrière de mannequin, l’âge lui à ôté le regard des autres et le privilège d’exister dans une société qui invisibilise les femmes au-dessus d’un certain âge.

Le bal-musette, ou comment conjurer la solitude

Mais la solitude n’est pas une fatalité ; on passe de la solitude qui brise à la solitude brisée, car c’est à "La Boule Rouge" rue de Lappe que se déroule la deuxième partie de cette émission. Le changement l’ambiance est total : esprit festif, danse, retrouvailles entre amies de tous les âges, voilà le programme d’un lieu de sociabilité qui défait la solitude des êtres dans un bal-musette qui continue jusqu’aux petites heures du matin.

• Par Olivier Kaeppelin
• Avec Alain Arnaud (écrivain), Madame Rosi et les danseuses et danseurs, clientes et clients de La Boule Rouge
• Réalisation Bruno Sourcis
• Nuits magnétiques - Quatre quartiers de solitude, 2ème partie : Comme une danse (1ère diffusion : 10/06/1987)