Épisode 4/4 : Les tabous du caillou

Yeu, île des paradis artificiels ? Il est vrai que toutes les drogues, douces ou dures, y circulent. Presque tout le monde y touche : locaux, anciens marins, estivants en goguette.

Roselyne Viaud, habitante de l’île, confie avec gravité : « J’ai connu toutes les drogues sur cette île paradisiaque. Certains de mes amis en sont morts, d’autres n’ont jamais décroché. »

Sur le port, l’alcool coule à flots, une tradition liée aux temps où les pêcheurs rentraient les cales remplies de thon, il y a 30 ou 40 ans. Aujourd’hui, le port est vide, les conserveries mettent en boîte le poisson venu d’ailleurs. Le tourisme de masse a remplacé la pêche aux filets dérivants. L’île, grande de 10 km sur 4, accueille 40 000 personnes en été. L’argent coule à flots dans certains coins du caillou : demeures luxueuses, embouteillages de jets privés depuis la région parisienne. Mépris des uns, repli des autres. L’île adorée devient alors une prison dorée. C’est ce que révèlent les consultations psychiatriques mises en place depuis quelques années.

Bernard Guitton, psychiatre, témoigne : « Certains de mes patients sont en souffrance sur le continent. Ils parlent d’Yeu comme de leur île. Ils y sont accrochés comme une bernique sur son rocher. »

Mais ceux qui souffrent se cachent pour consulter, car sur l’île, tout se sait.

Avec :

• Le psychiatre Bernard Guitton,
• Éric et René-Marie, Roselyne Viaud et Monique Barrault, habitantes de l’île,
• Martine Coustillère, responsable des usagers à Dumonté, et son père Maurice,
• Philippe Andrieu, fondateur du centre de santé,
• Le père Jojo, curé d’Yeu, ainsi que Geneviève, croisée sur le port.

Remerciements à Pierre-Hugues Glardon, directeur de l’hôpital Dumonté, Marc-Antoine Larvor, chef de service de l’hôpital, Léa Gibert, coordinatrice du centre de santé, ainsi qu’aux journalistes Claire Giovaninetti (Ouest France) et Valentine Lanave (L’Écho de l’Île d’Yeu).