© KEYSTONE-FRANCE/Gamma-Rapho, Getty
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Épisodes

À propos de la série

Par Albane Penaranda. Pour le centenaire de sa naissance, une sélection d'archives avec Maurice Pialat. Le cinéaste a toujours cherché à filmer l'essentiel dans ses films, c’est-à-dire la vie, que ce soit dans "À nos amours "ou dans "Van Gogh". Dans ces émissions, il se raconte sans fard.

Tout au long de cette Nuit, en suivant la chronologie de sa filmographie, nous écoutons Maurice Pialat lors d'entretiens qui, pour la plupart, ont été réalisés dans l'émission de Claude-Jean Philippe "Le cinéma des cinéastes", où il se sentait manifestement bien et revenait souvent. Nous l'entendons aussi en 2002, dans une longue conversation avec Serge Toubiana, un an avant sa mort, où il parle de sa vie dans le cinéma et de celle qu'il a eue avant le cinéma. Une autre archive avec l'actrice Isabelle Huppert permet d'évoquer le tournage de Loulou au moment de la sortie du film, en 1980.

Maurice Pialat par lui-même

Que dit Maurice Pialat dans ces entretiens ? Fidèle à lui-même, pas beaucoup de bien du cinéma français et du petit monde de ce cinéma auquel il dit se sentir étranger. Mais en l’écoutant parler de ses films, au-delà de l’insatisfaction chronique qu’il manifeste envers lui-même, et envers le manque de moyens, de temps, le travail des comédiens, des techniciens ou celui des producteurs… Au-delà de ce qu’il décrit lui-même comme son côté "geignard", on entend sa crainte de faire un cinéma qui passe à côté de ce que le cinéma est capable de saisir d'essentiel, c’est-à-dire la vie. Un cinéma de l'abandon et du ressentiment chez Pialat, sans aucun doute…. Un cinéma de corps à corps, de vie, de mort, de désir, de douleurs, d'élans de tendresse et de gifles, qui a donné peu de films, mais tous très forts. Des films qui font de lui l’un des cinéastes français les plus importants de la deuxième moitié du vingtième siècle.

De "L'Enfance nue" au" Garçu"

Nous avons intitulée cette Nuit Maurice Pialat, "une histoire française" parce que cela nous semble caractériser tout à la fois son cinéma et Pialat lui-même ; l'histoire de son parcours de réalisateur et, si l'on peut dire, l'histoire d'un roman familial que l'on trouve clairement inscrite à travers des chapitres de sa vie personnelle dans plusieurs de ses films ; dans Nous ne vieillirons pas ensemble et La Gueule ouverte notamment.

En passant par "Loulou", "À nos amours" et une Palme d'or

Du très beau et du plus célèbre de ses nombreux courts-métrages, L'Amour existe, jusqu'au Garçu son dernier film, en passant par L'Enfance nue, La Maison des bois, Passe ton bac d'abord, Loulou, À nos amours, Police, Sous le soleil de Satan et Van Gogh… filmés au présent, voire dans l'instant, même quand ils regardent le passé, n'est-ce pas au fond une histoire française que nous racontent les films de Pialat ?

Cela, seule leur découverte ou leur redécouverte, peut permettre de le vérifier. Mais dans cette Nuit nous entendons comment, en parvenant à s'extirper de la marginalité pour rencontrer le public, et sans rien céder pour autant sur la manière dont il entend faire du cinéma, Maurice Pialat est sorti vainqueur de l'empoignade qu'a été à bien des égards son existence de cinéaste. Un cinéaste français du geste et de la parole, pour lequel la question, sinon le problème, aura peut-être bien été de trouver, après Renoir et après Pagnol, qu'il admirait l'un et l'autre, la juste voie pour être encore un cinéaste français.

Une sélection d'archives proposée par Albane Penaranda

  • Par Albane Penaranda
  • Réalisation : Emily Vallat
  • Avec la collaboration d'Hassane M'Béchour
  • Édition web : Sandrine England, Documentation de Radio France
  • Maurice Pialat, une histoire française (1ère diffusion : 31/08/2025)

Provenant de l'émission

Les Nuits de France Culture, toutes les nuits à partir de minuit sur France Culture

Toute l'année, le choix des meilleures archives de Radio France qui composent une mémoire radiophonique, en collaboration avec l'antenne Ina.